Epson SureColor P-800 : le test

26 Oct 2015

Après avoir réservé l’appellation SureColor a ses machines de production, Epson remplace peu à peu l’appellation Stylus Pro par celle de SureColor pour les machines photo et arts graphiques. Nous avons testé la nouvelle SC-P800, remplaçante de la capricieuse mais néanmoins appréciée Stylus Pro 3880.

Remplaçante de la SP 3880

Elle partage quelques points communs avec son ancêtre. Elle est compacte (quand elle n’est pas utilisée), permet d’imprimer jusqu’au format A2+ et offre toujours uniquement huit couleurs. Beaucoup espéraient avoir 10 couleurs (Orange et Vert) dans la remplaçante de la 3880, il n’en est rien. Pour ceux qui souhaitent une imprimante A2 à très large gamut, une solution arrive bientôt.

La machine embarque donc toujours neuf cartouches d’encre. Il s’agit d’une nouvelle génération d’encres, nommée Ultrachrome HD, censée offrir des noirs plus denses et un meilleur comportement sur papier brillant (bronzing).
Tout comme la 3880, la P-800 nécessite une purge (et donc un gaspillage d’encre) pour passer du noir mat au noir photo, et inversement. Le processus est automatique et rapide mais pas sans douleur pour le porte monnaie.

Nous ne l’avons pas testé, mais Epson propose en option un support pour rouleau jusqu’a 17 pouces. On notera que contrairement aux autres imprimantes Epson plus grandes, la P-800 n’est pas équipée d’un massicot. Il faudra donc couper le rouleau à la main… Ce support optionnel se destine à l’impression de bannières ou de média disponibles uniquement en rouleau. Dernier point, le driver Epson étant limité en longueur (un peu plus d’un mètre), il faudra passer par un RIP pour vraiment exploiter le mode bannière.

Ergonomie

L’imprimante est équipé d’un grand écran tactile couleur. Le tactile n’apporte pas grand chose, mais c’est dans l’air du temps. À l’usage on regrette un peu les bouton plus ergonomiques. La taille de l’écran est confortable et les indications concernant le chargement du papier sont très bien faites.
Lorsque l’imprimante à besoin d’une action de votre part, elle sait se faire remarquer par un signal sonore. Nous avons trouvé cette fonction très pratique.
Le chargement des papiers d’art se fait par l’avant et feuille par feuille. Ce n’est pas très productif, mais malgré l’absence d’aspiration – qui confère à l’imprimante un silence de fonctionnement très agréable – nous n’avons pas rencontré de problème de papier souillé par son contact avec la tête.

Marge d’impression

Par défaut, la marge d’impression est de 3 mm sur tous les cotés. Cela simplifie la vie de ceux qui veulent centrer leur image en imprimant depuis Photoshop. 3 mm c’est peu, mais il est possible d’imprimer sans aucune marge y compris sur les papiers d’art (Fine Art). L’option sans marge, bien que très simple d’emploi, n’est toutefois pas disponible pour tous les formats. Il faut garder à l’esprit que les images sont rarement au même rapport que les feuilles, il sera donc souvent nécessaire de recadrer vos photos.

Encre Ultrachrome HD

La gamme d’encres Ultrachrome HD est la remplaçante de l’Ultrachrome K3. Il s’agit de la dernière génération d’encres 8 couleurs d’Epson, inaugurée sur l’Epson SureColor P600. On la retrouve donc sur la P800 mais aussi sur les nouvelles imprimantes grand format P6000 et P8000. Si nous avons bien compris, ce sont les noirs photo et mat qui sont différents des noirs K3. Ils offriraient des noirs plus profond et moins de bronzing. On en reparle plus loin…

Photo

Avec cette imprimante, Epson vise avant tout le marché de l’impression photo. Nous avons testé l’imprimante avec différents types de papiers : satiné, brillant et bien sur mat fine art. Les comparaisons ont été effectuées avec des tirages réalisés sur Epson SP 4880 (Ultrachrome K3), Epson SP 7900 (Ultrachrome HDR), Canon iPF 6400 (Lucia) et Canon Pixma Pro 1.

Les tests avec des images montrent un net progrès par rapport aux encres Ultrachrome K3. La profondeur des noirs, surtout sur papier mat, est améliorée. On gagne en détail et en densité maximale. En revanche, dans les couleurs denses et saturées, le gain est marginal : on est assez loin de la comparaison présentée sur le site du fabriquant. Les basses lumières sont aussi en progrès par rapport aux encres Ultrachrome HDR, mais la gamme de couleurs plus réduite de la P-800 ne lui donne pas l’avantage. Comparées aux machines Canon, qui jusqu’ici affichaient les meilleures densités dans la gamme pigmentaire, les encres Ultrachrome HD reprennent la tête. La saturation des couleurs est toujours en retrait en raison du gamut plus restreint.

Ces encres sont censées atténuer les problèmes de bronzing sur les papiers brillants. Le bronzing n’est plus depuis longtemps un problème majeur avec les encres pigmentaire. Canon comme Epson ont bien atténué ce défaut. Il est ici encore un petit peu plus contenu avec les encres HD mais ce n’est pas – du moins sur les papiers brillants que nous avons utilisés pour le test – flagrant. La machine qui s’en sort le mieux sur ce test est la Canon Pixma Pro 1, qui dispose d’un Chroma Optimizer.
Malgré les progrès réalisés par Epson avec les nouvelle encres Ultrachrome HD, l’impression sur papier brillant n’égale pas les résultats obtenus (du point de vu de l’uniformité de la brillance) par les papiers photo chromogénique, ou les machines équipées d’un réhausseur de brillance. On attend avec impatience la réponse de Canon qui vient d’annonce une imprimante A2 à 12 cartouches équipée du Chroma Optimizer.

Nous avons aussi testé la SureColor P-800 avec différentes formes test : bien loin de représenter une utilisation standard de la machine, elles permettent de mettre en évidence la qualité du tramage, des LUTs, etc.
Comparée avec les imprimante 10 couleurs HDR (Epson X900) ou 11 couleurs Lucia (Canon iPF x300 x400, Pro 1), elle ne montre pas d’aussi bonnes performances dans la restitution de certains dégradés. Toutefois, en utilisant les réglages du driver adéquats, on arrive à des résultats satisfaisants.

Épreuvage

La Stylus Pro 3880 pouvait être contrôlée par un RIP pour la production d’épreuves prépresse. La SureColor P-800 est supportée par les RIP EFI Fiery XF 6.2 et EFI eXpress 4.5.6. Nous n’avons rencontré aucun problème pour obtenir des résultats très honorable pour une machine de cette gamme.
Voici les résultats du contrôle qualité selon ISO 12647-7 d’une bande Ugra Fogra MediaWedge v3 :

Mesure Tolérance Statut
Moyenne 1,0 ∆E 3 OK
Pic 2,6 ∆E 6 OK
Simulation support 1,1 ∆E 3 OK
Cyan 1,7 ∆E 5 OK
Magenta 0,9 ∆E 5 OK
Jaune 0,8 ∆E 5 OK
Noir 0,1 ∆E 5 OK
Pic teinte primaire 1,6 ∆H 2,5 OK
Moyenne teinte axe de gris 0,4 ∆H 1,5 OK

En l’absence d’encres autres que CMJN, elle n’est évidement pas adaptée à la reproduction des Pantone, les résultats sont similaires à ce que l’on obtient sur une Stylus Pro 4880 ou 7890.
D’après nos tests, l’imprimante P-800 utilisée avec un papier d’épreuvage est toutefois en mesure de reproduire 96 % des Pantone couchés avec un ∆E2000 < 1.

Conclusion

L’Epson SureColor P800 n’est pas la meilleure imprimante photo du marché. La qualité d’impression est en retrait sur certains points par rapport aux Epson x900, Canon iPF x400 et Canon Pixma Pro 1. Elle n’est toujours pas capable de passer du noir photo au noir mat sans gaspiller d’encre.
Toutefois, cette imprimante n’est pas mauvaise, loin de là : elle offre une meilleure dynamique que la SP 3880 qu’elle remplace, améliore l’ergonomie, peut toujours faire de l’épreuvage, reste compacte, très silencieuse et, c’est une première pour une Epson, en 3 semaines nous n’avons pas eu à nettoyer les têtes d’impression. Elle n’a pas encore de concurrente, mais la Canon imagePROGRAF PRO-1000 arrive et nous ne manquerons pas de les comparer.

L’Epson SC P-800 est disponible sur notre boutique en ligne.